Nude, clothed, curved, transformed…

Nathalie De Zan manipulates the body in surrealist mises en scenes.

BIO

Nathalie De Zan is a French multimedia artist born in 1985 in Toulouse, France. She has a twin sister with whom she has a very strong bond with and tells about their relationship in some of her artwork. She developed early on a taste for art by her grand-mother who pushed for her to be sent to a children’s art school. Fascinated by art, color and poetry, she decided to go this path. In 2010 she graduated with a Master of Fine Art from the Jaurès University of Toulouse. During the first years at university she started to become fascinated by the French and German tales. She did an internship at the Collège de France in Paris with Patrick Imbert who taught her the photographic studio techniques. 

She did her first exhibition in 2009 after that she started to show her works in various places around France. After this period she really started to develop her own creative process using influences from her dreams. Her works remain autobiographical and show some attributes of feminism, pop art, and erotica. Absurd, surreal and sometimes naive, her artwork has become more and more full of colors.

In 2016 she travelled to Japan which sparked her imagination and gave her the desire to play with perspective and sharp shapes. She moved in 2017 to the United States where she currently works and lives. Since then, she has shown her works in France, Italy and the United States. Her last shows were at Novado Gallery, Barsky Gallery, and Prime Gallery in the United States.

There is art, inscribed on all the domes of the world, engraved in marble: Sculpture, Painting, Engraving and Architecture; and now with Nathalie De Zan there is the Pure Body. Purity of a frozen moment, a moment bound by invisible silk ropes, tied to disappearing and unnoticeable velvet chains. An undetectable and elusive bondage by way of the quixotic curling ribbon, unmoored and unpunishable, A faceless bondage that ensures and assumes and liberates the body. By hiding the face whose disturbing countenance would direct our eyes, we clearly distinguish an erotic suspension, a naked and avowable gesture, in which all the curves spring into a space with mysterious radiance. An impassioned body of great beauty, glorious, sumptuous and flamboyant, it evokes the pagan goddesses and that most majestic human being: woman. A body neither altered nor adjusted in its essence, a lone digital caress that brushes the photographic grain, for it is also photography. The framing and mounting become a hymn to the mysterious character of femininity.

Undetectable gymnastic and geometric figures balance themselves in a living dance, stabilizing then seeming to rest. Under this anonymity, one reveals all of the body, an idol, an airy corpus whose constraints of gravity beget the problematics of the pedestal that never disappears.

This body, at least in the forms of the idol of Bastet, the cat goddess,

or Hathor, symbolizes the principles of love,

running aground on a beach of smooth sand near Sothis, fertilizing the soil.

Artist Nathalie De Zan, recounting a void between creation and the representation of creation, invents at will from the creatures of Mother Nature new grotesque figures, absurd accumulations of chosen pieces and of supposed body parts to materialize replicas of markedly abstruse lives. The “Hunting Trophies” series articulates a theme dear to the artist, deploying an incongruous and nonsensical vision of the representation of the body, of its bodily limits, and the limits of artistic representation, the fundamental principle of which is the process of imitation.

The idol betrays at the same time that it is betrayed, the loop is closed, the hunt is on.

Texte Sid Poliakov – Translation by Carolyne Lee

FR

C’est de l’art dont il s’agit, et c’est écrit sur toutes les rotondes du monde, gravés dans le marbre : Sculpture, Peinture, Gravure et Architecture, avec Nathalie De Zan et il y a maintenant le Corps Pur. Pureté d’un instant figé, un temps ligoté par des cordes de soie invisibles, attaché à des chaînes de velours inapparentes et évanouies. Un bondage indécelable et insaisissable, sans amarrage, ni châtiment, au bolduc invraisemblable. Un bondage sans visage qui s’assure et s’assume et libère le corps.

En cachant le museau dont la physionomie troublante orienterait nos regards, on distingue nettement une pendaison érotique, un geste nu et avouable, où toutes les courbures s’élancent dans un espace aux lueurs mystérieuses. Un corps ardant de toute beauté, distingué, fastueux et flamboyant, il invoque les déesses païennes et le genre de l’être humain le plus majestueux : la femme. Un corps ni retouché ni modifié dans son essence, seule une caresse numérique s’effleure avec le grain photographique, car il s’agit bien là aussi de photographie. Le cadrage et le support papier deviennent un hymne au caractère mystérieux de la féminité. D’indécelables figures gymnastiques et géométriques, s’équilibrent dans une danse vivante et se stabilisent et semblent se reposer. Sous cet anonymat voulu, on y dévoile tout du corps, une idole, une masse légère dont les contraintes de la gravité initient les problématiques du socle au jamais disparu.

C’est une symphonie magistrale figée et fugace, la 10ème de Beethoven jamais écrite, jamais composée seulement ici devant nos yeux. On y voit alors et on écoute ce corps comblé qui s’assouvit et s’abreuve de plaisir interdit.

Eloge du bonheur féminin, telle une statuette antique, Poétesse et sorcière aux arcs‐en‐ciel abondants, cette idole supprime la chasteté, elle devient un totem, un trophée.

 

Seul un feu capillaire oscille sur les tirages et excite nos pupilles, une flamme rugissante, une chevelure incandescente. Cette crinière nébuleuse est‐elle celle de Red Hair ? Figure emblématique et héroïne imaginaire, la fidèle combattante au côté de Storm. C’est une tempête aux jambes d’ivoires, aux muscles tendus et reposés comme ceux de Barbarella effeuillée. Une guerrière épanouie qui semblent s’extasier en amazone romanesque. Marqués au fer rouge, nos rêves les plus inavouables s’essoufflent devant l’exhibition de la toison évanouie, nuls crins désespérés, c’est un hymne à la joie, désenchaîné… Cette mise à nu éclatante sous une lumière irradiante transmute le corps en un portait éblouissant et étincelle le corpus à l’identité effacée. Il nous révèle ainsi le secret de l’anatomie féminine.

Un instant photographique au mouvement amoureux, de la chair assemblée, une peau évanescente nous projettent face à un érotisme déroutant, juste une illusion fatale aux couleurs légères grâce aux filtres électroniques et émane ainsi un éclairage rétro-passé. Filtres photographiques ou d’amour, ils nous séduisent, nous courtisent, nous envoûtent. Un filtre Cokin, coquin, expose un rituel érotique dont les vibrations sont autant d’électrochocs et brûlent notre épiderme. On y retrouve aussi une étrangeté Lynchéenne, cinématographique, encore cet instant figé semble trembler d’émotions et de mystère.

Fantasques et habiles, les chaînes et les cordes disparaissent et ce sont nos désirs, nos fantasmes, nos envies qui attachent, accordent, cordent, ligotent, serrent pour conquérir et séduire ce corps inébranlable. Ce corps stupéfait qui ondule et se balance entre terre et air entre air et mer. Une lévitation savoureuse sacrifie et exalte le corps, en le martelant sous l’éloge personnifiée d’Idoles oubliées. Nathalie De Zan, telle la déesse étrusque Thesan associe la fertilité fantasmée et la sexualité vagabonde comme une chasseresse d’animaux sauvages et invisibles. Une nature exacerbée où la virginité n’est pas de mise. Aphrodite s’accouple avec Perséphone et enfantent d’une végétation et d’une nature aux sens les plus charnels. Il y a de la magie dans ces corps suspendus ou plutôt pendus à une potence immatérielle, au bourreau insaisissable. Ce corps, du moins cet Idole comme Bastet, déesse‐chat ou Hathor, personnifient les principes de l’amour et s’échouent sur une plage au sable lisse auprès de Sothis fertilisant les sols.

Assemblage d’organes, de substance d’anatomie, l’Eloge du bonheur féminin, fantasme du soi attaché soumis aux humeurs de l’esprit malin masculin et féminin. Un corps bousculé et manipulé sous les ordres d’un chorégraphe pervers invisible. Il fait émerger nos interrogations les plus insondables et engendre des doutes permanents. Formes unifiées, malaxées vers l’abstraction corporelle et fluide et jouissant d’une nudité ecclésiastique. Eloge du bonheur féminin, telle une statuette antique, Poétesse et sorcière aux arcs‐en‐ciel abondants, cette idole supprime la chasteté, elle devient un totem, un trophée. La pause muette du cliché soumet le modèle tel une esclave libérée devant un spectateur au regard maître, c’est un amant dominateur, cet amphitryon philosophe. Aucune possibilité de toucher ou de caresser ce corps pendu à une potence imaginaire. Prennent‐ils du plaisir ? Dominés par l’action, qui asservit et dompte ? Qui est l’esclave ? La réponse est certainement dans la lucarne et la vision est où résonne la luxure du sculpteur, du peintre, du graveur et de l’architecte. Corps pur aux prunelles attentionnées et troublées, elle est une statue irrécusable, une cariatide aux péchés fastueux et vifs, un nouvelle allégorie de la liberté, même pendue soit-elle… elle triomphe.